mercredi 9 décembre 2009

JR ART


Un des rares portraits que nous ayons de JR.

Passionnée de photographie (et plus particulièrement en noir et blanc), ce blog est aussi une façon de partager cela avec vous et de dresser les portraits de mes photographes fétiches ou non (dans ce cas, j'apporterai mes explications) et leur travail. Je commence aujourd'hui avec JR, un jeune photographe bourré de talent et d'idées. C'est plus sa technique de travail (des plans très serrés, l'usage du 28 millimètres et l'impression sur imprimante très originale) qui me séduisent, plutôt que son "activisme".


Depuis près de cinq ans, aux côtés des immenses affiches publicitaires de la firme Coca Cola ou encore Levis, un seul artiste en France est parvenu à rivaliser avec elles par la taille et la répercution de ses œuvres. Son nom, c’est Jérémie Reno, plus connu sous le surnom de JR. On ne connaît que très peu de choses sur lui : il est âgé de 25 ans et reste très discret (toujours des lunettes de soleil sur le nez et un chapeau ou casquette sur la tête). Ancien graffeur, JR se tourne à 18 ans vers la photographie (son premier appareil photo est un argentique oublié par un touriste dans une rame de métro). Son terrain de chasse, c’est la rue. Ses armes, son objectif de 28 millimètres qui lui « permet de travailler à dix centimètres de la personne photographiée, en confiance » et ses affiches monumentales imprimées sur photocopieuses. Son but, toucher les gens et les rassembler autour d’un thème commun, l’art : « Dans la rue, je touche tout le monde. Mes expositions sont gratuites et ouvertes 24 h/ 24. Si ça touche (les gens), j’ai rempli ma mission ». A mi chemin de l’art et de l’activisme, JR se définit lui même comme un « artiviste » mais n’a pas pour autant la prétention de trouver des solutions aux problèmes, il cherche seulement à faire réfléchir et réagir les gens.


Projet "28 millimètres".

En 2005, alors que les émeutes font trembler les banlieues françaises pendant deux mois (octobre – novembre), JR tente de donner un nouveau visage aux cités, à l’opposé de celui que les Français voient aux 20 heures : « L’idée, c’est de prendre des jeunes qui habitent là bas et faire des portraits pas possibles pour montrer qu’il y a une autre image de la banlieue ». En effet, dans le cadre de son projet « 28 millimètres », en collaboration avec le réalisateur Ladj Ly, du collectif Kourtrajmé, JR réalise une série de portraits en noir et blanc des habitants de la cité des Bosquets, à Montfermeil, qu’il expose ensuite un peu partout dans Paris.

Projet "Face 2 Face".

Deux ans plus tard, en 2007, JR réalise « Face 2 Face », en collaboration avec le suisse Marco. JR montre que les Israëliens et les Palestiniens sont des hommes qui se ressemblent et par conséquent, se demande pourquoi ils ne pourraient pas s’entendre. Il prend en photo 41 volontaires en Israël et en Palestine, issus de tous les corps de métiers (des coiffeurs, des sculpteurs, des médecins ou encore des religieux) et colle les affiches dans huit villes du Proche-Orient (Hébron, Jéricho, Tel-Aviv, Jérusalem, Bethléem et surtout, sur le mur symbolique du conflit qui divise ces deux camps).


En 2008, JR continue avec « Women are Heroes ». Il met alors les femmes du monde à l’honneur, parfois dévalorisées dans certaines sociétés en proie aux guerres notamment, et s'est pour cela rendu successivement au Brésil (à Rio de Janeiro dans la Favela de Providencia, une des plus anciennes), en Inde (à Delhi et Holi), au Cambodge (à Phnom Penh), au Soudan, au Kenya (à Kibéra), en Sierra Leone et au Libéria. Un film sortira d’ailleurs en 2010 sur ce projet.

Projet "Women are heroes", quais de Seine, Paris.


JR a déjà été exposé de nombreuses fois notamment à la Biennale de Venise et aux Rencontres d’Arles il y a deux ans ou à la Tate Modern l’année dernière et une vente aux enchères chez Sotheby’s NYC lui a été consacrée. Malgré ce succès magistral, JR ne prend pas la grosse tête et préfère pour l’instant rester indépendant du milieu des galeries. « Pour l’instant, la rue me permet de faire plus que dans les galeries, de toucher plus de gens et le message y est plus fort, c’est le plus important, de quoi j’ai besoin de plus ? ».


M.


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